Pour diminuer les douleurs, le stress et les troubles musculo-squelettiques, Stéphanie Bourhis, directrice de l'Ehpad public territorial de Pouldreuzic, a mis en place des séances de massages de la voûte plantaire et des paumes de main, qui, assure-t-elle, font leurs preuves au quotidien.
Dans le Finistère, l'Ehpad public territorial Parc An Id de Pouldreuzic, géré par le centre intercommunal d'action sociale (CIAS) du Haut pays bigouden, mise pour sa part sur la réflexologie palmaire et plantaire, grâce au subside de la Fondation Apicil contre la douleur.
"Cette thérapie douce a la faculté de reconnecter les personnes à leurs corps", de "soulager des douleurs à distance et rééquilibrer diverses fonctions vitales", vantent le CIAS et Apicil dans un communiqué ce printemps, en précisant qu'elle est destinée tant aux résidents qu'aux salariés, dans le cadre de la qualité de vie au travail.
Il s'agit "d'activer des 'zones réflexes'" en massant du bout du doigt les mains et/ou la plante des pieds. Ces zones "correspondent à des terminaisons nerveuses, chacune associée à un organe, une partie du corps ou encore à une glande précise". Au fil des séances, "la réflexologue va libérer les blocages et les énergies du corps pour rééquilibrer les fonctions chimiques et organiques de la personne", déroulent-ils.
"La réflexologie est principalement utilisée pour combattre le stress, les tensions et les douleurs musculaires, les troubles veineux et lymphatiques, les troubles digestifs, apaiser les souffrances psychologiques, soulager et réduire la fréquence des migraines, combattre les troubles du sommeil ou encore limiter les effets secondaires des chimiothérapies".
Jointe le 3 mai par Gerontonews, Stéphanie Bourhis, directrice de l'Ehpad et coordinatrice du projet, se déclare activement "pro-thérapies non médicamenteuses". Elle a découvert la réflexothérapie lors d'un salon à Paris et se dit conquise.
Le projet a été mis en place début 2021, au départ financé sur les propres deniers de l'Ehpad. C'est une aide-soignante (AS) de la structure, "qui connaît donc parfaitement les résidents", qui s'est formée comme réflexologue à Quimper. La directrice a compté les premières séances, à 45 euros de l'heure, dans le forfait "soins".
La soignante travaille "à mi-temps" comme AS et le reste du temps, masse les pieds et les mains des volontaires.
L'appel à projets de la Fondation Apicil (lire l'encadré) a permis, à partir de novembre 2021, de continuer l'expérimentation de façon plus confortable, grâce aux près de 16.000 euros obtenus, qui permettent de la financer jusqu'à 2023 inclus. "Le test [jusqu'à novembre 2021] nous a permis de voir que l'on avait ce besoin et nous a donné de la matière pour répondre à l'appel à projets", a expliqué Stéphanie Bourhis.
La réflexologue intervient chaque semaine entre quatre et huit heures selon les besoins, pour les deux publics.
Sur 75 résidents accueillis, "une trentaine" profitent de séances, sans aucune contre-indication. Du fait d'un GMP "assez élevé", elles ne durent en moyenne que 30 minutes. Chacun effectue "entre six et huit séances" au total afin que "tout le monde en bénéficie", mais cela dépend de ce que souhaite le résident et de sa pathologie.
La directrice de l'Ehpad a indiqué que 44% des séances ont trait aux douleurs musculaires, 25% au mal-être psychique, 13% aux troubles digestifs, 10% aux troubles veineux, 3% aux troubles urinaires et autant aux troubles gynécologiques.
Quant au personnel, il bénéficie gratuitement de la réflexologie hors temps de travail, à hauteur de "maximum trois séances d'une heure", avec des exceptions. En raison d'une pathologie particulière, une salariée a par exemple pu effectuer 10 séances et a ensuite été orientée vers un professionnel médical.
Sur 60 agents, la moitié effectue des séances, tous métiers confondus, Stéphanie Bourhis comprise.
Pour les professionnels, 35% des séances concernent le mal-être psychique, 33%, des douleurs musculaires, 11% des troubles endocriniens, 9% des troubles digestifs, 5% des troubles urinaires, 3% des troubles veineux, 2% des troubles gynécologiques et autant, des troubles neurologiques, a développé la directrice.
Elle se dit convaincue des résultats, malgré l'absence d'évaluation précise de l'impact de cette thérapie.
Ainsi, parmi les résidents accompagnés, elle assure que certains "ne prennent plus systématiquement d'antalgiques", qu'"ils se plaignent nettement moins de douleurs auprès des professionnels" et que "la prise de laxatifs, donc la constipation, ont beaucoup diminué".
Prochain objectif, obtenir un financement "pour 2024".
Et Stéphanie Bourhis ne compte pas s'arrêter là: elle a enclenché la mise en place de l'aromathérapie avec l'embauche d'une infirmière titulaire d'un diplôme universitaire dans cette spécialité et le soutien des médecins traitants des résidents. "L'Ehpad a financé l'achat du matériel et on va l'essayer" dans la même démarche que pour la réflexologie, en vue, ensuite, de viser un appel à projets pour obtenir du financement.
L'appel à projets d'Apicil ouvert dans le champ public et privé non lucratif
La Fondation Apicil a lancé son nouvel appel à projets destiné aux soignants et aux intervenants professionnels au contact des personnes âgées, en Ehpad, à domicile ou dans les services gériatriques des hôpitaux.
Il s'agit de contribuer "à la réalisation de projets destinés à améliorer la prise en charge de la douleur des personnes âgées à travers le soutien de projets d'équipes, fédérateurs, proches du terrain, qui ont un impact concret pour le quotidien des équipes", décrit-elle dans un communiqué.
Les projets attendus "pourront être des projets de formations ou des projets pilotes", qui "donnent du sens aux professionnels, qui permettent de développer les liens et les collaborations professionnelles sur les territoires".
Le jury sera composé de 17 personnes, directeurs d'Ehpad, membres d'associations, d'instituts de formation ou encore soignants.
Il évaluera les projets selon les critères suivants: "la pertinence du sujet dans l'environnement 'douleur', l'intérêt pour les équipes, la qualité de réflexion, la faisabilité, l'adaptation du budget demandé au coût du projet, la motivation".
Attention, ne sont pas éligibles "les projets de recherche, l'aménagement et la réhabilitation des bâtiments, le matériel pour les soins courants, les espaces Snoezelen, les budgets habituels de fonctionnement et les projets d'animation".
Le prix est doté de 100.000 euros, "qui seront répartis" entre les lauréats.
"Toute personne désireuse de proposer un projet et membre d'une équipe médicale ou paramédicale, d'un réseau, d'une association, d'une organisation de soins ou plus largement d'une institution publique ou privée à but non lucratif qui prend en charge des personnes âgées" peut télécharger un dossier à cette adresse et l'envoyer avant le 30 novembre 2023 à minuit à contact@fondation-apicil.org.
Les lauréats seront connus en avril 2024 et la remise des prix aura lieu deux mois plus tard.
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