Face aux tensions RH criantes et à l'inflation galopante, Dominique Monneron, directeur général de la fondation, exhorte le gouvernement à financer "un chèque carburant" pour les salariés des Ehpad et "une aide exceptionnelle" pour éviter la hausse du reste à charge pour les résidents. Il faudra aussi impérativement "voter" une loi grand âge.
Transmise à Gerontonews, elle a fait l'objet d'une communication publique le 22 juin à l'occasion de la pose de la première pierre d'une plateforme de services (lire l'encadré) à Auberchicourt (Nord).
Depuis le début du mois du juin, le monde du grand âge est en proie à une forte agitation.
Certaines ont même uni leurs forces, de manière inhabituelle, pour réclamer un "
plan d'urgence".
Elisabeth Borne, première ministre, a promis fin mai "
des mesures efficaces" face au manque de personnel pour l'été.
Mais depuis, le secteur est toujours en attente d'autre solutions pour organiser ses établissements dans les mois à venir et par la suite.
Dans sa tribune, Dominique Monneron souligne le fait que "la crise de notre système de santé n'est pas qu'une crise de l'hôpital, encore moins seulement celle des urgences. Elle est aussi une crise des conditions de soins et d'accompagnement des personnes âgées en perte d'autonomie".
Il pointe l'inertie et le retard à l'allumage des gouvernements successifs pour le secteur, sources aujourd'hui de multiples défaillances.
"Ce qui domine aujourd’hui est un sentiment d’abandon et de lassitude", juge-t-il. "A quoi bon se battre avec les moyens du bord si nos responsables politiques se refusent à prendre le taureau par les cornes et s'obstinent au pire à procrastiner, au mieux à coller des rustines sur un système à bout de souffle? ", enchaîne-t-il.
Une aide fléchée pour le secteur dans le futur plan gouvernemental anti-inflation
Mais avant cela, il faut s'attaquer à encore plus urgent selon lui: les ressources humaines et l'inflation.
Le DG de Partage et vie choisit de faire vibrer la corde sensible du patriotisme pour recruter des étudiants. "Je lance d'abord un appel aux 100.000 jeunes élèves infirmiers ou aides-soignants qui vont terminer leur formation au début de cet été. Chers futurs collègues, vous aspirez peut-être à profiter de vos dernières vacances d'étudiants, mais le pays a besoin de vous", écrit-il.
Et d'ajouter: "Nous avons besoin que vous veniez nous consacrer quelques semaines, rémunérées naturellement, prises sur votre temps libre pour prendre votre part à notre lutte contre l'isolement du Grand Age".
"Si l'appel lancé à la mobilisation des professionnels devait rester sans réponse, alors la seule solution […] sera de procéder sous des formes juridiques appropriées à la mobilisation générale", continue-t-il. Sollicitée à ce sujet, la fondation se réserve "la possibilité de demander des réquisitions aux préfets", a-t-elle précisé à Gerontonews, ce 23 juin.
S'adressant ensuite au gouvernement, Dominique Monneron rappelle qu'au moins un infirmier et un aide-soignant présent chaque jour pour dix résidents dans chacun des établissements est nécessaire.
Surtout, pour protéger le pouvoir d'achat du personnel, il appelle l'Etat à donner un coup de pouce financier, sous la forme d'"un chèque carburant de 50 euros par mois" pour "tous nos collaborateurs ne pouvant bénéficier de la participation de l'employeur aux frais de transport en commun".
Il estime aussi qu'un chapitre du plan anti-inflation que le gouvernement prépare doit aussi faire la part belle au grand âge.
Ce plan pourrait prévoir "une aide exceptionnelle de 5 euros par jour et par résident jusqu'au retour à un niveau normal des prix", suggère-t-il, et ce, pour ne pas "répercuter sur nos résidents ou leurs familles les coûts déjà élevés qu’ils supportent".
A Auberchicourt, pose de la première pierre de la "Plateforme Services Seniors"
Cette plateforme sera composée d'un Ehpad de 85 lits, d'une résidence autonomie de 42 logements (dont 26 studios en résidence collective et 16 logements individuels en pavillons) et d'un pôle services, composé d'une micro-crèche, d'une épicerie solidaire et d'une conciergerie.
L'Ehpad sera doté d'un pôle d'activités et de soins adaptés (Pasa), de deux unités de vie Alzheimer (UVA) de 14 places chacune et d'une unité de vie pour personnes handicapées âgées (UVPHA) également de 14 places.
C'est le cabinet d'architecture bordelais TLR Architecture qui a été choisi pour l'aménagement. Le démarrage des travaux est prévu pour septembre 2022. Le chantier devrait durer 24 mois.
Le coût du projet est de 20 millions d’euros, financés par le département du Nord, l'agence régionale de santé (ARS) des Hauts-de-France, la Caisse d'assurance retraite et de la santé au travail (Carsat) Hauts-de-France, Action Logement, la Banque des Territoires et France Relance.
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